90 % de maux de dos guérissent spontanément et ne sont pas liés à des lésions visibles à l’imagerie médicale (Hartvigsen et al., 2018). La plupart des douleurs communes rachidiennes sont dues à des pathologies mécaniques fonctionnelles (des pathologies dépourvues de lésion organique à l’imagerie médicale). En clair, rassurons-nous sur les maux de dos, la plupart sont bénins.
Lors d’un mal de dos aigu (survenu récemment), le repos est préconisé mais à (très) court terme afin que la douleur et l’inflammation diminuent. Il est recommandé d’éviter les mouvements qui réveillent ou accentuent la douleur. Il est conseillé par la suite de reprendre ses activités de manière PROGRESSIVE, et même celles qui réveillées la douleur ; si les douleurs sur un mouvement persistent, on continue l’activité dans la limite du supportable, c’est à dire en écoutant son corps et sa tolérance à la douleur. En effet, la notion de progression est importante à prendre en compte (O’Sullivan et al., 2016). Il n’est pas nécessaire d’attendre l’absence totale de douleurs pour reprendre vos activités quotidiennes ou commencer un programme d’exercices. Il est possible que vos douleurs augmentent à la suite de la pratique de vos activités. Cependant, cette augmentation doit rester passagère et l’objectif reste la diminution de vos douleurs sur le long terme. Si la pratique de certains exercices ou activités provoque de fortes douleurs pendant plusieurs jours, il est alors judicieux de commencer plus doucement. . De nombreuses études ont d’ailleurs montré les bénéfices d’une augmentation graduelle des activités douloureuses (Woods & Asmundson, 2008).
Pourquoi le repos prolongé est-il mauvais ? Le dos risque de se déconditionner, de devenir plus faible, de perdre en souplesse et d’être moins tolérant aux activités de la vie quotidienne (Booth et al., 2017). Des études ont, en effet, démontré que le fait de rester trop longtemps couché et inactif après un épisode de mal de dos pouvait accentuer le problème et ralentir le processus de guérison (Chenot et al., 2017 ; Dahm et al., 2010).
Dans les cas de douleurs chroniques également, le repos n’est pas recommandé (Foster et al., 2018). C’est au thérapeute, ici, de déceler la cause de la douleur (mécanique ?) et les facteurs qui influent sur cette dernière (mythes, croyances, expériences douloureuses antérieures,…).
De plus, savoir qu’une augmentation de douleur n’est pas, dans la plupart des situations, un reflet d’une aggravation de l’état du dos devrait permettre d’agir de manière plus efficace sur son dos. En effet, avec ces connaissances, cela autorise à recommencer à bouger plus vite. Cela permet aussi de refaire certaines activités avec des niveaux modérés de douleur, en sachant que cela ne va pas aggraver la situation du dos.
Les bienfaits du mouvement, de l’activité :
- effet anti-inflammatoire : on obverse la sécrétion d’adrénaline et de noradrénaline ; ces derniers agissent sur des récepteurs adrénergiques provoquant une diminution de 5% de la production de cellules immunitaires entrainant une diminution de la production de TNFα (ces dernières interviennent dans l’inflammation.
- éviter la kinésiophobie : évite la peur du mouvement.
- rôle anti-dépresseur : la pratique du sport équivaut à une prise de 2 antidépresseurs.
- meilleur tolérance à la douleur : on habitue le dos aux contraintes pour qu’il supporte davantage les charges et les mouvements. Les tissus musculaires et articulaires seront plus résistants.
- valorise le patient et non thérapeute-dépendant : le patient est pro-actif dans son processus de guérison.
- supplée un traitement médical.
- sécrétion de liquide synovial : le liquide synovial joue le rôle de lubrifiant au sein d’une articulation, permet une meilleur mobilité entre 2 os.
- augmente le tonus musculaire.
- accélère le processus de guérison.
EN BREF, le mouvement est antalgique (diminue la douleur) !
Le meilleur programme ? Les études actuelles recommandent un programme d’exercices selon les besoins, les préférences et les capacités de chacun (Foster et al., 2018). Il n’existe pas un programme universel. L’idée est de se faire plaisir.
Conclusion :
Le meilleur moyen de se soigner est de rester actif tout en écoutant son corps et sa tolérance à la douleur.
Sources :
- Foster, N. E., Anema, J. R., Cherkin, D., Chou, R., Cohen, S. P., Gross, D. P., … Lancet Low Back Pain Series Working Group. (2018). Prevention and treatment of low back pain: evidence, challenges, and promising directions. Lancet (London, England), 391(10137), 2368‑2383.
- Chenot, J-F., Greitemann, B., Kladny, B., Petzke, F., Pfingsten, M., & Schorr, S.G. (2017). Non-Specific Low Back Pain. Deutsches Ärzteblatt International, 114(51-52), 883-890
- Woods, M. P., & Asmundson, G. J. G. (2008). Evaluating the efficacy of graded in vivo exposure for the treatment of fear in patients with chronic back pain: A randomized controlled clinical trial. Pain, 136(3), 271‑280.
- O’Sullivan, P., Caneiro, J. P., O’Keeffe, M., & O’Sullivan, K. (2016). Unraveling the Complexity of Low Back Pain. Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, 46(11), 932-937.
- Hartvigsen, J., Hancock, M., Kongsted, A., Louw, Q., Ferreira, M.L., Genevay, S., Hoy, D., Karppinen, J., Pransky, G., Sieper, J., Smeets, R.J., Underwood, M., & Lancet Low Back Pain Series Working Group. (2018). What low back pain is and why we need to pay attention. The Lancet.