« Ne te fais pas craquer les articulations, ça donne de l’arthrose ! » voici un discours que votre maman, votre grand-mère ou bien encore votre tante vous a déjà répété maintes et maintes fois.
L’arthrose est une dégénérescence, une destruction du cartilage articulaire qui enrobe les surfaces articulaires des os. Rhumatisme articulaire le plus fréquent, il apparaît généralement vers 40 – 50 ans.
Il faut bien comprendre que l’arthrose est une véritable pathologie et non une conséquence inévitable du grand âge. L’usure des articulations suite au seul vieillissement du corps ne déclenche pas l’apparition de symptômes arthrosiques. L’âge avancé est un facteur favorisant l’arthrose mais c’est l’accumulation de facteurs de risques qui va engendrer la douleur arthrosique (un sujet jeune peut donc très bien en souffrir).
Les différents facteurs de risques sont :
- des traumatismes et micro-traumatismes répétés (positions ou actions répétées fréquemment dans le cadre d’un métier/d’une activité sportive, l’ablation d’un ménisque du genou appelée ménisectomie,…).
- un défaut structural lié à des maladies métaboliques (maladie de Paget, chondrocalcinose, maladie de Wilson,…).
- une surcharge pondérale (le poids favorise l’arthrose de genou. Une diminution de 10 % du poids permet par exemple de réduire de 50 % les douleurs du genou liées à l’arthrose).
- la ménopause (les hormones sexuelles sont susceptibles d’être à l’origine du phénomène ce qui pourrait expliquer la prévalence d’arthrose plus importante chez la femme).
- des malformations du squelette et dysplasies (luxation congénitale de hanche, genou en X appelée « genu valgum »,…).
- des facteurs héréditaires (ils semblent tenir une place importante dans l’apparition de l’arthrose au niveau du genou, de la hanche et des mains).
On estime que 50% de la population a de l’arthrose cervical à 40 ans à la radiographie ! Rassurez-vous, ces derniers ne souffrent pas tous de symptômes arthrosiques (l’imagerie médicale est loin d’être toujours significative de la clinique !) Inversement, l’intensité de la douleur ne reflète pas nécessairement la gravité de la dégradation articulaire.
L’ostéopathie intervient en cas d’arthrose ; le traitement vise à diminuer les douleurs tout en travaillant sur la mobilité de l’articulation. Les enraidissements articulaires douloureux ainsi que les contractures musculaires réflexes peuvent être améliorés par des techniques ostéopathiques.
Et la manipulation articulaire, le fait de faire « craquer » une articulation, qu’en est-il ?
Une étude de 2011, menée par deWeber, regroupe 215 radiographies de personnes âgées entre 50 et 89 ans. Les mains droites des membres de cet échantillon furent radiographiées et comparées aux radiographies d’une population du même âge qui ne se faisait pas craquer les doigts. Aucune différence significative ne fut retrouvée entre les deux groupes, ce qui tend à confirmer que le craquement répété des articulations ne provoquerait pas l’apparition d’arthrose.
Un allergologue américain, Donald Unger, a fait craquer deux fois par jour les doigts de sa main gauche depuis le début des années 1930. D. Unger publia les résultats de son expérience en 1998 : aucune trace d’arthrose à la main gauche. Evidemment, un échantillon de 5 doigts parait être faible pour en tirer toute valeur scientifique significative ou encore vérité implicite. L’expérience ici nous amène davantage à une réflexion qu’à une conclusion.
Une manipulation articulaire se traduit par un écartement des surfaces articulaires accompagné d’un phénomène de cavitation : l’augmentation de l’écartement entre les surfaces articulaires produit une diminution de la pression intra-articulaire qui est déjà négative. A un certain degré de séparation, il se crée de petites bulles de gaz dans le liquide synovial ; la pression continuant de décroître, ces bulles éclatent et libèrent leur énergie sous forme de bruit (le « crac ») et de chaleur. Aujourd’hui, la littérature médicale incite à penser que l’énergie déployée pour produire un craquement de doigts n’excède pas le seuil nécessaire pour provoquer des lésions des articulations.
Alors se craquer les doigts, une mauvaise habitude ? Non, un plaisir pour certains, un supplice pour d’autres…
Sources :
- Kevin deWeber et al., « Knuckle cracking and hand osteoarthritis », Journal of the American Board of Family Mededecine, vol.24, n°2, mars-avril 2011, p. 169–174.
- Unger D. Does knuckle cracking lead to osteoarthritis of the fingers ? Arthritis Rheum 1998;41:949–50.
- Ombregt L., A system of orthopaedic medicine. 3rd ed. Churchill Livingstone, 2013.